Du partage de fake news à son évitement : étude des facteurs favorisant ou limitant la diffusion de fake news en France
Abstract
À rebours des discours publics dépeignant les utilisateurs qui partagent des fake news sur les réseaux sociaux comme des foules crédules, et des études de psychologie expérimentale soulignant leur manque de raisonnement analytique (Bronstein et al, 2019 ; Pennycook et Rand 2019 ; 2020 ; Stanley et al., 2020), les recherches en sciences sociales computationnelles reposant sur des données observationnelles montrent que le partage de fake news ne concerne qu’une minorité d’internautes ayant pour particularité d’être très politisés, plutôt conservateurs et âgés (Guess et al., 2019 ; Grinberg et al., 2019 ; Osmundsen et al., 2021). Cependant, la majorité de ces études sont centrées sur les États-Unis, un pays caractérisé par un système politique bipartisan et un espace médiatique très polarisé entre la droite et la gauche (Benkler et al., 2018). À ce jour, peu de travaux à grande échelle ont exploré le cas de la France, laissant ouverte la question de la généralisation des constats américains à d’autres systèmes politico-médiatiques. Par ailleurs, alors que la plupart des études de psychologie expérimentale présentent d’importantes limites en termes de validité écologique pour étudier le partage de fake news tel qu’il se manifeste naturellement sur les réseaux sociaux, les approches observationnelles ne permettent pas de déterminer si les facteurs explicatifs relèvent davantage de variables
socio-politiques ou cognitives.
Auteur(s) : Manon Berriche, Jean-Philippe Cointet et Sacha Altay
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